<< Retour aux articles
Image

Stratégie bas carbone : « Sans le bioGNV, pas de décarbonation »

Transport - Route
10/02/2023
Après une année noire en termes de prix, les promoteurs du bioGNV veulent pousser les pouvoirs publics à considérer le biogaz comme un moyen de parvenir à l’objectif Zéro émission en 2050. Ils demandent un cadre clair, à long terme, permettant au secteur de sécuriser ses investissements en matériel roulant ou en stations d’avitaillement.
La grande famille du gaz, unie derrière la bannière du bioGNV, passe à la vitesse supérieure pour défendre l’intérêt d’un mode de carburation présenté comme ayant « le meilleur bilan carbone » de toutes les énergies possibles, gestion des batteries usagées prise en compte. Lors d’une conférence de presse réunissant, jeudi 9 février, l’Association française du GNV (AFGNV), GRDF, Iveco et deux grands noms du transport routier, le propos était de défendre l’intérêt du biogaz dans la course à la décarbonation. « On est encore sur un gaz carboné aujourd’hui mais en 2033, il sera totalement décarboné », explique Jean-Baptiste Furia, vice-président de l’AFGNV. « Et d’ici 2025 2026, il le sera à 50 % ».

Une offre, un réseau
De quoi attirer les transporteurs, poussés par leurs clients et le prix de l’énergie « classique », à sauter le pas du biogaz. Visée, la mobilité lourde, un marché en forte croissance de 30 % par an. Iveco a beaucoup investi en recherche et développement, notamment sur le segment des tracteurs. Il représente à lui seul 70 % des immatriculations annuelles et a un taux de renouvellement compris entre 3 et 5 ans ; « si l’on remplace ces tracteurs diesel par des bioGNV, on a un impact réel sur les émissions », commente Clément Chandon, responsable produit, homologation et réglementation chez le constructeur. D’autant que les véhicules gagnent en autonomie : « En 2022, on est passé de 600 à 1 000 km, en tracteur on atteindra 750 km l’année prochaine ».

De son côté, le réseau d’avitaillement s’est dimensionné pour absorber le développement attendu. Aujourd’hui, toutes les grandes agglomérations et tous les axes routiers sont maillés, le parc d’installations publiques ayant triplé en quelques années. « On veut encore l’accroître de 20 % à l’horizon 2024 », ajoute Frédéric Martin, directeur général délégué de GRDF.

Une offre, un réseau : il n’en fallait pas plus pour convaincre La Poste qui, aujourd’hui compte parmi les utilisateurs assidus du gaz. Christophe Baboin, directeur transport de la branche courrier-colis, vise 50 % de son trafic réalisé en bas carbone en 2030 et 100 % en 2040. « La feuille de route est exigeante », reconnaît-il. « On est dans une logique de mixt énergétique, sans l’hydrogène car il n’y a pas d’offre pour le moment. On priorise donc le bioGNV à long terme, ce n’est pas l’électrique qui nous aidera à décarboner demain la longue distance ».  Même son de cloche chez les Transports Breger, dont le parc est composé à 15 % de véhicules roulant au gaz. « Si l’on a une visibilité, on est à 30 % dans deux ans », assure Vincent Lesage, son président directeur général mobilité, qui voit dans ce mode de motorisation une façon d’attirer les conducteurs « car le PL ressemble à un PL, il est plus silencieux, propre en avitaillement, plus confortable ».

+35 % en 2022 comparé au diesel
Tout irait pour le mieux s’il n’y avait pas eu à gérer, au cours des derniers mois, la hausse incroyable du prix du gaz. « Il a évolué de 1 à 10 quand le diesel évoluait de 1 à 2 », commente Christophe Baboin. « On a vécu une année hors normes en 2022 », confirme Vincent Lesage. « Si l’on fait une moyenne, on a été à 35 % de plus que le diesel en termes de coûts ; Il faut être très motivé pour absorber ce type de chose ». Un choc alors qu’avant 2021, le GNV était moins cher que le gazole. Pour autant, il faut mettre cet aléa en perspective de l’atout « Décarbonation » que procure le biogaz. Et ne pas oublier que l’État mettra fin à la ristourne TICPE sur le gazole en 2030.

En 2023, la France révisera pour la troisième fois sa Stratégie nationale bas carbone (SNBC), ce qui déterminera le scénario permettant de parvenir à la totale décarbonation en 2050. L’AFGNV participe aux groupes de travail et pousse pour que le GNV soit accessible au système permis par la Taxe incitative relative à l'utilisation de l'énergie renouvelable dans les transports (Tiruert), qui s’applique aux pétroliers. Il est possible de déclencher des crédits de décarbonation quand on mène des actions favorables aux modes considérés comme non polluants comme l’électrique : intégrer le gaz parmi ces modes « propres » permettrait de rendre le gaz attractif, notamment pour la grande distribution. « Intégrer le bioGNV dans la Tiruert à l’occasion du PLF 2024 sanctuariserait le GNV comme solution pour décarboner », insiste Jean-Baptiste Furia.
 
Source : Actualités du droit